Edith Piaf, sa place , sa sculpture
L’œuvre de Lisbeth Delisle est difficile.
Elle ne caresse pas l’amateur dans le sens du poil, on ne caresse pas les sculptures de Delisle.
Elle refuse de se compromettre ni avec le beau convenu, ni avec le gentil décoratif.
Elle construit, déconstruit, agence, accouple, et décuple dans l’espace, des pleins et des vides imbriqués les uns dans les autres, qui se répondent en une gestuelle lisible et rythmique.
Elle suggère personnages et décors, joue avec la lumière, qui d’heure en heure les anime d’ombres portées.
Le regard attentif de ses sculptures révèle un univers poétique un cubisme flou, impressionniste où, plan après plan, rebondit la musique de la lumière.
Ainsi, pour interprétation d’Edith Piaf, Lisbeth regrette, de n’avoir pu disposer d’un temps suffisant de recul, de réflexion qu’elle consacre habituellement à ses créations, afin que la synthèse entre le sujet et la forme puisse s’affiner, s’équilibrer et rayonner en harmonie.
La personnalité d’Edith Piaf, par sa dimension mythique ne peut qu’obliger l’artiste à transcender, à faire chanter, crier les formes. Lisbeth l’a certainement conçu de cette façon.
Il a fallu un courage certain aux commanditaires pour engager cette œuvre commémorative.
Pour ma part j’y trouve mon compte, je vois, je ressens la Môme qui bouillonne sous sa petite robe, elle décolle du pavé parisien, je l’entend chanter pour le monde entier les joies, les bonheurs et les souffrances des gens simples, et je m’attends a ce qu’un petit bourgeois bien pensant lui jette une obole.
Cette sculpture participe à l’auréole de la grande dame de la chanson. Elle est un hymne à l’espoir.
L’espérance d’une artiste qui cherche, qui travaille à traduire, à exprimer avec courage l’essentiel, l’amour, le vrai et qui ne sacrifie en aucun cas l’imagerie conventionnelle ou se plait la critique bienséante.